© Jörg RothweilerFacteur de risque le bois chablis : Claude Engeler et les officiers du corps des sapeurs-pompiers de Sirnach pendant le cours de bûcheronnage.Facteur de risque le bois chablis : Claude Engeler et les officiers du corps des sapeurs-pompiers de Sirnach pendant le cours de bûcheronnage.Lorsque des arbres tombent sur des maisons, des rues ou des chemins suite à une tempête, de fortes chutes de neige ou d’autres événements naturels, les pompiers sont souvent obligés d’intervenir. C’est lors d’un cours pilote, dispensé par le garde forestier de triage Claude Engeler basé à Fischingen, que les officiers du corps des pom­piers de Sirnach ont appris quels sont les dangers pouvant survenir lors l’enlèvement du bois chablis et ce qu’il y a lieu d’observer.

Le métier de bûcheron est l’un des plus dangereux qui soit – et les primes à verser à la SUVA sont aussi les plus élevées. En effet : Celui qui prend une tronçonneuse en main pour s’attaquer à un tronc d’arbre doit savoir comment s’y prendre. Sinon, il risque d’y laisser sa vie.

Alors que certains jardiniers amateurs risquent volontairement leur vie, d’autres le font en ayant le sentiment de faire leur devoir et avec la volonté d’aider, à savoir, les membres des corps de sapeurs-pompiers. Ainsi, ce sont eux qui sont généralement appelés lorsqu’il s’agit de porter secours ou de prêter main-forte. Par exemple quand un arbre cassé ou déraciné barre le chemin.

L’enlèvement de bois chablis n’est toutefois pas sans risque. Des tensions dans le bois peuvent se libérer soudainement au moment où la tronçonneuse attaque l’écorce. L’arbre éclate, pouvant causer des blessures graves, parfois mortelles.

Les pompiers doivent aussi savoir bûcheronner

© Jörg RothweilerCe qui doit être appliqué plus tard lorsque des arbres déracinés bloquent les routes ou mettent des bâtiments en danger fait l’objet d’un entraînement en forêt.Ce qui doit être appliqué plus tard lorsque des arbres déracinés bloquent les routes ou mettent des bâtiments en danger fait l’objet d’un entraînement en forêt.Il arrive de plus en plus souvent que les membres des corps de sapeurs-pompiers soient confrontés à l’enlèvement de bois brisé, détruit par la tempête. D’une part, en raison d’une météo devenue imprévisible. D’autre part, suite à la chute du prix du bois entraînant une perte d’intérêt de la part de beaucoup de propriétaires forestiers d’entretenir leurs forêts.

Claude Engeler (63), garde forestier de triage de Balterswil en canton de Thurgovie, connaît très bien les grandes dangers de la forêt et Jürg Haldemann, commandant des pompiers de Sirnach, s’inquiète quant à la sécurité de ses collègues femmes et hommes. Ils ont donc pris la décision commune de proposer de manière accrue des formations professionnelles continues.

Leur concept se résume en un cours portant sur un jour, au cours duquel les officiers sapeurs-pompiers, et notamment ceux qui font partie du premier groupe d’intervention, apprennent à se servir correctement d’une tronçonneuse et sont formés à bien analyser les faits en présence de bois chablis. Il s’agit surtout, lorsque la situation se présente, de prendre le large et de faire appel aux spécialistes armés d’un lourd équipement de bûcheron, tel que le débusqueur à grappin. Et cela, même si la route ou le chemin forestier doit rester barré pendant une longue période, jusqu’à ce que le danger soit écarté. Car la sécurité personnelle est la plus importante de toute intervention.

Cours pilote pour pompiers : « Utilisation de la tronçonneuse »

C’est à la mi-novembre 2019, que le concept de formation élaboré par Claude Engeler et Jürg Haldemann fut terminé et que six officiers du corps des sapeurs-pompiers de Sirnach prirent part au cours pilote tenu à la base du centre de compétences pour la formation forestière de Fischingen.

© Jörg RothweilerToujours en binôme : lorsqu’un collègue de l’équipe applique la scie, le coéquipier assure, depuis une distance de sécurité, les arrières et vérifie que son équipier travaille correctement et en toute sécurité.Toujours en binôme : lorsqu’un collègue de l’équipe applique la scie, le coéquipier assure, depuis une distance de sécurité, les arrières et vérifie que son équipier travaille correctement et en toute sécurité.La journée commença par un film sur les dangers de l’enlèvement du bois chablis, présenté à l’aide d’images impressionnantes. S’ensuivit la « partie technique », au cours de laquelle Claude Engeler apprit aux pompiers comment entretenir, nettoyer, régler correctement une tronçonneuse et comment vérifier son aptitude au fonctionnement. Il s’avéra que deux des six scies apportées à titre privé présentaient des défauts : « Chaîne émoussée, carburateur mal réglé – impropres à l’emploi », furent les conclusions objectives de Claude Engeler. Ensuite, direction la forêt.

Mettre en pratique ce que l’on doit savoir faire

Ici Claude Engeler montra comment abattre correctement et surtout sans danger les arbres, ou, s’ils sont déjà inclinés ou cassés, comment ils peuvent être complètement abattus, coupés, ébranchés et déplacés à l’aide du « Zappi », un outil à crochet à long manche dont la pointe incurvée rappelle le bec d’un rapace. Étonnant : un Zappi, correctement utilisé, permet à un homme de taille moyenne de déplacer des charges pouvant atteindre 1,5 tonne !
Claude Engeler, en prenant l’exemple d’un arbre sciemment « mal » abattu qui, au lieu de tomber librement, s’est encroué dans sa partie haute, a démontré comment la tension d’un tronc d’à peine 20 centimètres de diamètre est en mesure de bloquer la chaîne de la tronçonneuse la plus tranchante – et, si la scie attaque le tronc du mauvais côté, comment l’arbre « furieux » se
« débat » dans tous les sens.

L’après-midi fut consacrée de manière approfondie au bois feuillu, qui selon Claude Engeler, est plus dangereux que le bois résineux. « Le bois feuillu possède des fibres plus longues et peut ainsi absorber bien plus de tension. Les feuillus sont longtemps « inoffensifs », et puis, tout arrive d’un coup. Les frênes sont les plus dangereux. Ils veulent assassiner le bûcheron », prévient Claude Engeler en s’adressant aux cinq hommes et à la femme pompiers de Sirnach. « Il est extrêmement important que vous ne touchiez pas au bois qui est plus gros et plus lourd que celui que vous êtes en mesure de porter avec vos mains ». Toute surestimation de soi ou d’orgueil mal placé est infiniment dangereuse », exhorta-t-il.

Un frêne sous tension est un « tueur à massue »

© Jörg RothweilerLes pompiers déblaient en un rien de temps le chemin du tronc d’arbre en s’aidant de tronçonneuses et du Zappi, un outil spécialement adapté au travail du bois.Les pompiers déblaient en un rien de temps le chemin du tronc d’arbre en s’aidant de tronçonneuses et du Zappi, un outil spécialement adapté au travail du bois.Il s’avéra rapidement à quel point il avait raison. En effet, le nombre de scies bloquées a fortement augmenté lors du travail sur les feuillus. Tous les participants du cours durent reconnaître que les troncs, même s’ils ne sont pas plus épais qu’une cuisse, ne doivent jamais être sous-estimés. Et avec le bois cassé et endommagé par les tempêtes, même les professionnels ayant des plusieurs titres de champion du monde de bûcheronnage, comme Claude Engeler, ne peuvent jamais dire avec une certitude absolue dans quelle direction la tension du bois agit.

À titre de démonstration et en guise de temps fort du cours, il était prévu, en fin d’après-midi, de débiter un frêne sous énorme tension, tombé et embarrassé dans les branches de deux autres arbres. Un travail beaucoup trop dangereux pour les participants du cours, donc effectué par Claude Engeler en personne. C’est ainsi que les élèves ont pu se rendre compte – à distance et en toute sécurité – de la manière dont l’énergie de tension soudainement libérée a catapulté le tronc à la verticale de près d’un mètre lors du débitage. Un moment de frayeur aussi impressionnant qu’instructif. Car auparavant, lorsque les participants ont dû décider où effectuer l’entaille pour le débitage, tous avaient pris la mauvaise décision. Ils avaient en effet supposé que le tronc allait éclater latéralement et à l’horizontale au niveau de la taille oblique. « Si j’avais entaillé là où vous le projetiez, je serai actuellement gravement blessé », expliqua Claude Engeler.

Pour finir, le tronc fut tiré du sous-bois avec un débusqueur à grappin et maintenu en l’air à une hauteur d’environ un mètre afin qu’une légère tension puisse se créer à nouveau dans le bois. Les pompiers ont ainsi eu l’occasion de s’exercer à nouveau sur du bois légèrement tendu afin de voir comment débiter correctement des troncs plus gros et de se rendre compte de ce qui est important dans ce cas.

La prudence et la protection de soi sont une priorité absolue

© Jörg RothweilerLa maintenance et l’entretien de la tronçonneuse, tout comme le changement correct de la chaîne font également partie des exercices.La maintenance et l’entretien de la tronçonneuse, tout comme le changement correct de la chaîne font également partie des exercices.Une fois de retour au centre de formation et au service de parc du matériel utilisé, Claude Engeler profita de la réunion finale pour résumer les conclusions primordiales de la journée : « Ne vous surestimez pas. Au moindre doute, ne touchez à rien et faites appel à nous, les spécialistes, pour vous prêter main-forte avec notre matériel lourd. En présence de bois chablis, soyez particulièrement réticents et prudents. Portez toujours l’ensemble de l’équipement de protection et, surtout, travaillez toujours en binôme et avec la distance appropriée. L’un scie et l’autre contrôle les environs, la sécurité et chaque geste de son collègue à au moins deux mètres de distance. Est-il bien positionné par rapport à l’arbre ? Ne risque-t-il pas de perdre l’équilibre ? Porte-t-il des vêtements de protection ? Tient-il la scie correctement ? L’applique-t-il au bon endroit ? La guide-t-il convenablement ? Si vous veillez à tout cela et ne tentez pas d’enlever des arbres dont le tronc est plus épais que votre cuisse, vous évitez les risques les plus importants. »

Lors de la synthèse finale, l’un des participants résuma les conclusions qu’il a personnellement tiré de ce cours, comme suit : « Connais tes limites et respecte-les, ne risque pas ta santé ou ta vie en raison d’un héroïsme mal interprété. Faire preuve de lâcheté devant l’arbre est non seulement autorisé, mais même requis, notamment en présence de bois chablis ! »

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