© ESADr. Thomas Beer est responsable de la politique de Copernicus auprès de l'Agence spatiale européenne (ESA). Dr. Thomas Beer est responsable de la politique de Copernicus auprès de l'Agence spatiale européenne (ESA). Copernicus est destiné à la prévention des risques sur notre planète. Le programme d'observation de la Terre de l'Union européenne fournit des images et des données par satellite pour les organismes d'intervention en cas de catastrophes naturelles, d'épidémies et de crises d'urgences humanitaires. Dr. Thomas Beer, coordinateur politique de Copernicus auprès de l'Agence spatiale européenne (ESA) nous explique comment fonctionne le programme Copernicus.

Épidémie d'Ébola, éruption volcanique, pirates - Copernicus prévient toutes les catastrophes. Le programme d'observation de la Terre de l'Union européenne surveille les itinéraires de vol des chauves-souris, considérées comme étant le principal vecteur du virus Ébola; Copernicus met en garde les contrôleurs du trafic aérien de la présence de nuages de cendres après une éruption volcanique ou la garde côtière contre les attaques de pirates qui rendent nos mers incertaines par leurs activités illégales.

« Le programme Copernicus est un système de systèmes unique au monde », dit Dr. Thomas Beer après son remarquable exposé présenté à l'occasion du 11ème Congrès de la police informatique suisse (SPIK) à Berne. Cet allemand travaille depuis 30 ans pour l'Agence spatiale européenne (ESA). Il est actuellement responsable de la politique du bureau spatial Copernicus à Frascati près de Rome au sein de l'Institut européen de recherche spatiale (European Space Research Institute – ESRIN en anglais), qui fait partie de l'ESA. Ce juriste de formation est intervenu dans le Stade de Suisse afin d'y présenter ce qu’il considère comme un programme révolutionnaire et dont le nom a été emprunté au célèbre astronome Nicolas Copernic.  

Les « Sentinel » comme pièces maîtresses

Le programme Copernicus est actuellement le programme d'observation de la Terre le plus complet qui soit. Cofinancé et cogéré par la Communauté européenne et l'ESA depuis 1998, Copernicus est opérationnel depuis avril 2014.

Le programme utilise essentiellement des informations obtenues par satellite. « L'ESA est responsable de la composante spatiale de Copernicus. À ce jour, nous avons développé et construit pour ce programme six « familles » de satellites d'observation - appelés Sentinel - qui sont équipés d'instruments de haute technologie à leur bord. Ils volent par deux, sur la même orbite et ils disposent d'une grande variété de points d'observation », explique Beer.

Sentinel-3B a été lancé avec succès le 25 avril 2018 et placé en orbite. Ainsi, trois paires de Sentinel se trouvent à présent dans l'espace, ainsi que le Sentinel-5P (pour surveiller la pollution de l'air).

Ils fournissent des informations passionnantes. « Nous développons aujourd'hui déjà les missions C et D de Sentinel qui continueront leurs observations de façon transparente dès que leur prédécesseur auront atteint la fin de leur durée de vie prévue, dans environ sept à huit ans. », dit Beer. Un flux ininterrompu de données précises et accessibles rapidement est ainsi garanti. « Aucun autre système d'observation de la Terre par satellite au monde ne propose ce type de continuité et de qualité. »

« Missions contributrices »

Copernicus utilise également une infrastructure déjà existante, en particulier des « missions contributrices ».
Il s'agit de satellites exploités par l'ESA, l'Organisation européenne pour l'exploitation de satellites météorologiques EUMETSAT, les États membres de l'UE, d'autres pays tiers ou encore des prestataires commerciaux, mais pas spécifiquement développés pour Copernicus.

Pour finir, les données émanant des satellites Copernicus sont complétées par des données « in-situ ».
Ce système de mesures terrestre, aérien ou maritime repose sur un système de capteurs. Ceux-ci peuvent être placés sur les berges de fleuves, accrochés à un ballon-sonde de météorologie et tirés par des bateaux à travers les océans - ou encore plongés avec des bouées dérivantes dans la mer.
 
« Nous complétons les données de nos Sentinel avec les ‘missions contributrices’ et les données ‘in-situ’. Cela nous permet de traiter et d'analyser les informations reçues, de les mélanger aux données provenant d'autres sources et de vérifier ainsi les résultats obtenus. Ces informations à valeur ajoutée sont d'une importance primordiale, en particulier en matière d'urgence et de sécurité. », dit Thomas Beer.

La majorité des données est librement accessible

Toutes les données recueillies par les satellites Sentinel sont accessibles gratuitement à tous dans le monde entier et sur sentinels.copernicus.eu.  À ce jour, plus de 141 000 utilisateurs de Sentinel se sont enregistrés. Ce programme européen rassemble l'ensemble des informations géographiques et des sciences de l'environnement, en fournissant des services opérationnels allant des prévisions de récoltes au Vietnam du nord jusqu'à la gestion de catastrophes, et de la mesure de la qualité des eaux de baignade en Europe jusqu'à l'observation de l'étalement urbain.

Six services Copernicus spécialement développés exploitent les données Copernicus et les enrichissent pour en faire des produits à forte « valeur ajoutée ». Ils représentent l'élément central de Copernicus, car ils servent d'interface entre les utilisateurs et les informations recueillies par les missions satellitaires et les mesures « in-situ ». Ils sont avant tout destinés à informer et à aider l'UE et les autorités nationales des membres de l'UE à prendre des décisions. Ces services sont mis gratuitement à leur disposition.

La composante service de Copernicus soutient un large éventail d'applications environnementales et de sécurité, telles que l’observation des changements climatiques et la protection de la biodiversité, la détection précoce d’inondations et d’incendies de forêts, la détection de nappes de pétrole, la surveillance des frontières européennes terrestres et maritimes, le transport et la mobilité, la planification régionale et locale ainsi que l'agriculture et la santé. Les six services Copernicus sont gérées par la Commission européenne et s’organisent de la manière suivante :
•    Surveillance de l'atmosphère
•    Surveillance des milieux marins
•    Surveillance de l'environnement terrestre
•    Changement climatique
•    Gestion des crises et des catastrophes
•    Sécurité

À l’occasion du SPIK, les représentants des organisations sanitaires ont écouté avec passion Thomas Beer qui a exposé l'importance de l’observation de la Terre assistée par satellite dans la gestion des catastrophes et des crises. En cas de catastrophes naturelles telles que des tremblements de terre et des ouragans, les données images fournies par satellite qui permettent une intervention d’urgence ciblée en quelques heures, sont d'une grande importance.

« Les clichés précis facilitent largement le sauvetage de vies humaines ou la reconstruction d’infrastructures. Seul Copernicus peut fournir de telles données haute résolution - les drones et les hélicoptères sont certes complémentaires, mais ils ne sont pas une alternative aux satellites. »

Où va nous mener le voyage de Copernicus ?

Sur la période de 2014 à 2020, l’ensemble du programme Copernicus coûte 4,3 milliards d’euros. La promesse de ce programme est de fournir « des informations qui améliorent notre vie et la rendent plus sûre. » Et ce n’est pas tout. Des études ont montré que Copernicus pourrait apporter d’ici 2030 un bénéfice financier de 30 milliards d’euros et créer 50 000 emplois.

Il existe déjà des centaines de start-up et de PME en Europe aujourd'hui qui profitent des données de Copernicus pour leur base de modèle commercial. « Nous soutenons cette tendance avec des concours spécifiques comme le challenge Copernicus Master, qui récompense tous les ans les meilleures idées en matière d’enrichissement d’applications grâce aux données Copernicus. Cet appel d'offre mondial avec des prix attractifs est un véritable succès et a déjà donné lieu à de nombreuses réussites », explique M. Beer.

La prochaine étape pour Copernicus est proche : « Le nouveau programme de financement de l’UE sera lancé en 2021 pour sept années supplémentaires. Les négociations de ce cadre financier débuteront dans les prochaines semaines ; elles seront déterminantes pour l’avenir de Copernicus. Je suis convaincu que l’UE et l’ESA continueront à progresser avec le nouveau programme cadre. »
dit Beer.

L’élévation du niveau de la mer menace des îles paradisiaques

Après avoir examiné les coûts, les PME, les impulsions et les négociations restent unis dans l'espace.

L'une des « missions contributrices » de Copernicus est CryoSat. Ce satellite de recherche de l’ESA s'attache également à l’épaisseur des calottes glaciaires de la banquise arctique. Cela fait un certain temps maintenant qu'il envoie des informations peu réjouissantes pour la Terre. Ainsi, la couche de glace de l’Arctique s’est réduite de manière alarmante ces dernières années en raison du réchauffement climatique.

Les prévisions indiquent que la fonte des calottes polaires augmentera le niveau des mers de 1,3 mètre dans les 80 prochaines années. C’est une très mauvaise nouvelle pour les habitants des régions côtières. Les Maldives, Kiribati ou les Iles Marshall vont-elles un jour disparaitre des catalogues de vacances ?
Copernicus nous en apportera la réponse.

Brochure Copernicus

http://copernicus.eu/main/information-material

 

La Suisse envisage de participer au programme Copernicus.

Une grande partie des données de Copernicus est accessible gratuitement à tous (sentinels.copernicus.eu). La police suisse et d'autres organisations sanitaires n’ont pas accès aux services « Gestion des catastrophes et des crises
et « Sécurité », deux domaines particulièrement sensibles du programme.

Le service de « gestion des catastrophes et des crises » est utilisé en cas de catastrophes naturelles (tremblements de terre, incendies de forêt ou inondations), de crises humanitaires et autres situations d’urgence. Une information continue sur le type et l'étendue des dommages est nécessaire, ainsi que sur les voies d'accès possibles pour que les services d’urgence et le personnel auxiliaire puissent intervenir de manière efficace. Les ‘Sentinel’ fournissent ces informations.

Le service de sécurité se concentre actuellement sur trois priorités : surveiller les frontières extérieures de l'UE, soutenir les interventions de l'UE en dehors de l'Europe et surveiller le trafic maritime.

« La Suisse ne participant pas au programme géré et financé par l’UE, les autorités suisses ne peuvent pas profiter de ces services sensibles », explique
Thomas Beer, avant de présenter dans la foulée une solution : « La Suisse pourrait par exemple conclure un accord contractuel avec l’UE pour avoir accès à ces services. C’est ce qu'ont fait la Norvège et l’Islande, pays non-membres de l’UE. »

Renato Krpoun, responsable du département Aérospatial au sein du Secrétariat d'État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), commente la proposition de Beer de la manière suivante : « La Suisse ne participe actuellement pas au programme Copernicus. Une participation éventuelle est actuellement examinée par l’Administration fédérale. »

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